Car ce département cultive mieux que tout autre le respect de la gastronomie de tradition. A cause de son relief (surtout dans la partie septentrionale) et sans doute de la personnalité de ses hommes, il est longtemps resté isolé des régions environnantes — Forcalquier aura été la dernière sous-préfecture à être dotée du chemin de fer. Ceci explique l'authenticité mais aussi la diversité de cette cuisine. Car le taux d'habitation de la Haute-Provence a toujours été l'un des plus bas de la France, cela explique que chaque ferme, à cause de la distance qui la sépare des exploitations voisines, ait crée ses propres spécialités et détienne un savoir-faire uni¬que pour composer telle charcuterie, telle confiture, telle boisson, telle manière d'apprêter un civet ou un poisson. Dans ce livre, j'ai voulu être fidèle à la tradition en présentant des recettes élaborées à partir des produits de ce terroir, en les localisant et en indiquant, lorsque cela était possible, à quelle période de l'année elles sont réalisées. Les richesses culinaires de ce terroir ont trop longtemps été cachées par celles du littoral méditerranéen, il est grand temps de les redécouvrir et de vivre cette fête du goût qu'étaient le boire et le manger pour certains natifs tels Jean Giono et Paul Arène.