La portion de pays dont je vais essayer d’ébaucher l’histoire primitive a joué un grand rôle dans l’antiquité et au cours des diverses invasions, comme l’attestent les nombreux vestiges de toutes sortes qu’on a retrouvés soit dans les excavations souterraines, soit dans le sol, et aussi les ruines innombrables des forteresses qui dressent encore leurs squelettes à tous les détours des vallées.

C’est au cœur des montagnes Ariégeoises que se sont heurtées les premières civilisations, qui se sont rencontrés des peuples si divers que les historiens les plus autorisés ont eu de la peine à discerner ceux qui ont réellement dominé. C’est qu’en effet cette région, depuis la vallée de la Garonne jusqu’à la méditerranée, était un passage de choix et pour les peuples orientaux venant des brûlantes régions de l’Asie mineure, de l’Egypte et de l’Afrique qui cherchaient des étendues moins arides, et pour les peuples des régions froides de la Baltique et l’Asie septentrionale qui cherchaient des pays plus tempérés. Par suite on comprendra aisément qui les premiers habitants de cette contrée aient résisté avec beaucoup plus d’acharnement que partout ailleurs aux invasions venant des deux côtés. Les débris et monuments de tous les genres et de toutes les époques, depuis les médailles et monnaies celtibériennes et romaines jusqu’aux forteresses du moyen-âge en sont une preuve indéniable.