Dans une toile récente, fort remarquée au Salon, et déposée au Musée de Montpellier, un jeune peintre de grand talent, M. Max Leenhardt a écrit l'une des pages les plus émouvantes de l'histoire du protestantisme français. Sur une plate-forme crénelée, d'où les yeux aperçoivent la bande azurée des flots de la Méditerranée ou des lagunes qui la bordent, une douzaine de femmes, aux attitudes variées, se groupent autour de l'une d'entre elles qui, le doigt levé, mon¬tre le ciel. Elles diffèrent par leur condition sociale, si l'on en juge par la diversité de leurs costumes ; par leur âge, car les unes, jeunes femmes ou jeunes mères, ne sont qu'à l'aurore de la vie, tandis que d'autres, au terme de leur course, ont besoin de s'appuyer sur le bras de leurs compagnes; par leurs forces enfin, celle-ci par sa maigreur effrayante, celle-là par l'inconscience de son regard qui montre que sa raison a sombré, témoignant de l'horreur de leur situation, tandis que cette autre, vigou-reusement découpée, montre que rien ne peut abattre son courage ou triompher de sa santé.