Il existait entre les mains de quelques amateurs de nos antiquités, une composition en manuscrit dont les exemplaires étaient, ici, tout surchargés, tous raturés, là en caractères presque illisibles, copies telles fois infidèles, telles fois incomplètes, d'un original qu'il n'était plus possible de discerner au milieu de ses ampliations. C'était l'oeuvre d'un homme érudit, d'un médecin habile, en renom, qui florissait à la fin du siècle dernier. Simple hommage rendu à sa ville natale, l'auteur ne l'avait pas destiné à la publicité de l'impression; il était mort sans y avoir mis la dernière main et il l'avait modestement déposé dans les archives de la ville d'Anduze parmi les autres documents de la localité. Elle était le fuit des longues et laborieuses recherches auxquelles l'auteur s'était livré pour exhumer des ruines du temps l'origine première de sa ville natale, pour lier le fil des évènements auxquels la population avait été mélée; elle contenait le récit naïf des traditions qu'il avait recueillies, l'expression sincère des observations qu'il avait faites comme homme et comme médecin éclairé, l'explication de l'avènement au monde, du développement et de la décroissance d'une ville dont l'antiquité n'est pas douteuse: c'était un document trop précieux soit qu'on le considérât comme un élément d'une histoire générale ou simplement comme une histoire locale, pour le laisser périr. Il inspirait à tous ceux qui en avaient pris connaissance le regret de le voir réduit à un tel état de dépérissement et le désir de lui voir enfin prendre la forme de l'impression.