Nous détachons de nos études générales sur l'histoire de la Révolution dans le Pays basque, le récit d'un épisode lamentable dont le souvenir s'est conservé jusqu'à nos jours. Il s'agit de l'internement des basques ordonné par un arrêté des Représentants du peuple Pinet et Cavaignac, à la date du 3 mars 1794. Cette mesure persécutrice avait pour but de rayer, pour ainsi dire, notre peuple de la nouvelle France, et de prévenir ainsi des soulèvements possibles de la part d'Aines généreuses et d'une foi ardente. La Convention avait à lutter contre la Vendée; Lyon refusait de s'associer aux crimes de Robespierre et de ses séides; Toulon manifestait peut-être déjà des velléités de défection à la cause révolutionnaire ; les basques s'étaient montrés tièdes et peu affectionnés aux idées nouvelles ; la vieille foi était toujours vivace; les prêtres jureurs honnis, conspués, chansonnés; le style et le langage des sans-culottes incompris et raillé; le sentiment et la fidélité royalistes presque au niveau de la fidélité religieuse. Que fallait-il de plus pour alarmer les Représentants et exciter leur haine contre un peuple inoffensif ?