Je les ai écrites au mois de décembre 1973 et au mois de janvier 1974, premier hiver de ma retraite, après une carrière d'enseignant dont la plus longue partie s'est située à 1'Ecole Normale de Rodez d'octobre 1951 à Juillet 1973.
L'idée m'en est venue parce que je termine mon existence dans un monde extrêmement différent de celui où je suis né et où j'ai grandi.
De ce pays natal qui fut si peuplé et si humanisé et des genres de vie que j'y ai connus, j'ai voulu laisser cette description. Elle a valeur de témoignage et par conséquent valeur de document pour les historiens éventuels.
Certes, on trouvera des éléments très personnels. Je me suis pris au jeu. En écrivant ces souvenirs, je les ai revécus avec intensité. Avec des joies et des émotions. J'ai souvent entendu intérieurement, avec une réalité étonnante, la voix de ma mère appelant mon père :
«Ôho Miquelot»
quand il travaillait dans le bois de la Ferrasse ou le pré de la Canal.
Mais ce que je souhaite surtout, c'est que plus tard parmi mes descendants, il y en ait qui retrouvent ces pages avec intérêt et qu'à travers elles, ils aiment imaginer un pays qui fut si vivant pendant des siècles, avant d'être abandonné, une société et des genres de vie d'une autre époque, et aussi les origines modestes mais saines et robustes de notre famille.
Albert PIQUEMAL