Il n'est pas de poète patois plus populaire en Languedoc que l'abbé Fabre. C'est le grand poète comique de la contrée. Un admirateur enthousiaste et fanatique de ses oeuvres disait: "sa gaîté ferait rire un mort." Les languedociens l'aiment et l'admirent, et rient de confiance à son seul nom, comme les Espagnols au nom de Cervantès. Les vieilles femmes, dans le midi, lisent l'abbé Fabre (Favre) sans lunettes: elles le savent par coeur. Il entre dans l'éducation de l'enfance bien avant La Fontaine. "Un seigneur de la Vaunage, en se retirant un jour à son château, entendit à deux cents pas devant lui un homme qui s'égosillait en chantant et en répétant à tout moment: la bonne aventure, ô gué ! la bonne aventure. La joie de ce chanteur lui donna la fantaisie de le rejoindre pour savoir quelle bonne aventure le faisait crier si fort en chemin."