Depuis que le protestantisme, ennemi de la tradition et père de la triste école de Lannoy, depuis que le philosophisme et la Révolution ont couvert la face de nos saints d'ignominie et d'opprobres, le peuple chrétien lui-même ne connaît plus ses insignes bienfaiteurs. Ayant oublié leur histoire, il a désappris à vénérer, à invoquer, comme jadis, ces patrons si puissants et si bienfaisants. Essayons de renouer plus fortement cette chaîne affaiblie mais non interrompue de nos antiques traditions, de secouer la poussière, de laver les souillures qui voilent et déforment la face du grand patron du Rouergue, de restituer ce radieux visage dans sa pureté et son éclat primitifs. C'est une oeuvre de réparation. Aussi bien la fin de ce siècle ne semble-t-elle pas préluder à une ère de réparation générale ? Les besoins du temps et la gloire du saint nous imposent la nécessité d'éclaircir ce récit, d'en fortifier l'autorité par toutes les ressources de la critique moderne. A la majestueuse figure de notre grand patron il faut un cadre élargi. Il est nécessaire de montrer la place glorieuse que le pontife des Ruthènes doit occuper dans l'histoire de l'Église en France. Cette place qui lui est due pour le rôle éclatant qu'il a joué, pour les services signalés qu'il a rendus, cette place lui a été injustement déniée jusqu'ici par les historiens, faute de lumière. Puissent nos faibles efforts contribuer à la gloire d'un si grand patron Daigne le saint pontife nous obtenir d'être, comme lui, les amants généreux de Jésus-Christ et de nos frères !
CRANOINE L. SERVIÈRES