Publier l'histoire d'on couvent, ce n'est pas courir après la renommée , ni ambitionner la gloire. Le profane qui ne
se soucie guère d'un tel travail , la piété qui s'en alarme et l'indifférence d'un siècle qui ne lit pas, même les meilleurs livres, semblent ne devoir inspirer que le découragement. Et cependant cette tâche ingrate et délicate doit être remplie, sous peine d'une lacune regrettable. Si la postérité a plus d'énergie et moins de préoccupations que nous , elle demandera compte des traditions délaissées par notre faute , elle maudira les témoins de nos bouleversements et de nos restaurations qui seront demeurés muets. Il faut donc, tant qu'il reste quelques hommes et quelques actes d'un temps, bientôt impossible I décrire , conserver des souvenirs qui constatent les moyens de civilisation de nos aïeux et les nôtres. La Lorraine fut grande par sa vaillance et par sa foi : c'est un devoir pour ses enfants patriotes d'en recueillir les traditions et d'en conserver les monuments, afin que la France , qui l'absorbe tous les jours davantage , lui conserve l'estime et les égards dus à des siècles de dévouement et de résignation.