"Il faut pour s'intéresser au passé, qu'il vous revienne dans le coeur et jusque dans le passé mort" notaient dans leur Journal en date du 28 septembre 1861, les frères De Goncourt dont le génie précurseur avait imaginé plus d'un siècle d'avance ce que nous appelons maintenant l'Histoire Globale. Qu'elle est sclérosante, en effet, l'histoire rigide et pontifiante, l'histoire qui oublie la vie et se contente de statistiques, d'études relationnelles et analytiques, de traités, orientations, décisions, ne fait place qu'aux batailles et aux Grands Hommes"... Qu'elle est enthousiasmante l'histoire qui, sans négliger la rigueur nécessaire à la mise en évidence des interactions événementielles, nous raconte le quotidien et recrée la vie. A Nîmes, depuis 1786, paraît un hebdomadaire de seize pages, imprimé par Coste Belle, imprimeur du Roi, rue des Fourbisseurs, conçu et rédigé par Boyer dont le bureau est rue de la Trésorerie. Boyer est un légitimiste. Soutien inconditionnel du Baron de Marguerittes, il a mis sa plume à son service et le Journal de Nismes se fait l'écho fidèle au député de la Sénéchaussée de Nismes. Lire le "Journal de Nismes", c'est retrouver immédiatement la vie l'atmosphère de la ville il y a deux cents ans, c'est la plus passionnante des aventures. Robert Bernard