Je suis né et ai grandi en Algérie, pays que je quitte quelques jours avant son indépendance, à l'âge de dix-huit ans. Les pages des Années d'après résument vingt années de ma vie en métropole ainsi que les deux années de mes séjours aux États-Unis d'Amérique. Mon récit se termine au moment où je réalise qu'au fil du temps je passerai plus d'années de ma vie en Europe — ou ailleurs dans le monde — qu'en Algérie. Relisant ce que j'écrivis à propos de mon passé dans le Maghreb, temps de mon existence caractérisé par huit années de guerre, je notais que mon texte contenait à de nombreuses reprises le mot bonheur écrit, cela va de soi, spontanément, sans calcul (voir "Nous n'avions pas mérité cela" Lambeaux un peu jaunis de souvenance algérienne 1954-1963, Lacour Rediviva, 2017). L'ouvrage présent, écrit tout comme le premier simplement et sans manigance, exprime selon les moments la félicité, la joie, le bien-être, le ravissement, la gaitée, que sais-je encore... mais jamais le vrai bonheur. Au terme de mon second récit j'observe cette différence d'avec le premier. Est-elle exclusivement liée au fait que la dernière narration n'envisage — sauf pour le bref épisode américain — que ma vie dans l'hexagone qui fut initialement une contrainte ? Je suis convaincu que non et ceux qui m'auront bien lu auront compris quel élément pernicieux me priva possiblement, durant vingt années, de réel bonheur.