Le temps passe. Il est irréversible. Nous n'avons pas demandé à naître et nous sommes emportés, contre notre gré, par lui.
Il n'y a pas de Dieu qui nous garantisse l'éternité. Nous voudrions être à nous-mêmes ce propre Dieu. Nous ne le sommes pas. Nous sommes tous dans la fuite du temps. Que faire, alors ? Se débattre ? Se débattre contre l'inéluctable ? Ce n'est pas pour rien que nous nous angoissons. C'est ce qu'illustrent, chacune à sa manière, ces nouvelles. C'est ainsi que dans l'une d'elles, sa femme dit à Teddy :
"Qu'est-ce que tu fais, Teddy ?
— Je fous le camp.
— Pourquoi ?
— J'ai peur.
—De quoi ?
— Je ne sais pas.
— Peur de ce que tu fuis ?
— Oui. Il y a mille moyens de fuir. Dix mille. Il y a des millions de lignes de fuite. Nous sommes tous comme des dé¬ratés qui fuient, comme les cent mille rayons de lumière d'une étoile qui s'en vont, perpendiculairement à elle, se perdre dans le vide, – et, cette étoile, c'est nous