Bien que M. Piette ait le droit exclusif de faire des fouilles dans la grotte du Mas-d'Azil, parfois des amateurs peu scrupuleux, soit en l'absence du gardien et des ouvriers, soit de nuit, viennent en hâte démolir une partie des bonnes couches, les saccager, pour ne recueillir que quelques harpons ou quelques galets. Peu de jours avant mon arrivée, un de ces individus avait éventré un talus, que M. Piette avait justement dégagé pour établir la coupe du dépôt. en ce point. En examinant les divers os jetés de côté et piétinés par ce malfaiteur, nous avons reconnu des débris humains ! Il y avait là un squelette dont nous n'avons pu sauver qu'une faible partie, plusieurs gros morceaux des os longs, un péroné presque complet. Notre regret a été d'autant plus grand que ces os sont peints en rouge. Voilà un nouveau squelette traité comme ceux de quelques autres stations. C'est une nouvelle preuve de l'existence, chez les chasseur préhistoriques, de rites funéraires bien établis et suivis pendant l'âge du renne et jusqu'aux débuts de l'âge de la pierre polie. Les sondages ont amené, sur d'autres points de la berge, la mise au jour d'os également humains, notamment une portion de machoire inférieure. Les fouilles continueront, et M. Piette aura peut-être la bonne fortune de rencontrer d'autres squelettes, qui seront exhumés avec le respect qu'on doit à de si vénérables reliques.
E. CARTAILHAC.