L'historien ne doit en principe s'attacher qu'aux faits. Il peut en dégager quelques réflexions qui situent l'ambiance, l'époque, la mentalité. Or les faits dépendent de tout le contexte. On ne pense pas de la même façon dans la montagne que dans la plaine. On ne voit pas du même oeil. Là où la nature n'est qu'une enfilade d'horizons, il devient beaucoup plus facile de maquiller la réalité. Dès lors notre deuxième source devient la légende, quelques-uns ont vu, ont été témoins et cela suffit pour construire un autre volet de l'histoire dans la rumeur de l'âme populaire : un récit proche davantage de notre imagination et probablement ce qui a été malgré les interdits et le manque d'information. La Cévenne a cela de merveilleux que d'avoir vécu sa propre existence un peu en dehors et à l'insu de celles des autres discutant elle-même de sa propre vérité, que nous trouvons partagée dans chaque écho de montagne.