La foire est une occasion de rencontre. L’un y apporte sa marchandise, l’autre son argent. Il y a la foule qui attire les bateleurs. Un siècle avant Paul GAUSSEN, le Nîmois Jean MICHEL a immortalisé la feue célèbre foire de Beaucaire. Une profusion d’objets nous vaut de sa part une avalanche de mots. Et puis il y a les hommes avec leurs qualités et leurs travers. La cocasserie de leurs mésaventures. La foire de Chamborigaud se devait d’être narrée dans un registre plus modeste que celui des « Embarras » et n’atteint pas au vertige descriptif. Malgré tout le coude à coude de personnages hétéroclites à l’auberge rend bien cette impression de cohue passagère. On notera le rôle tenu par les femmes : l’acheteuse de terrine ne craint pas d’exposer son cas, la jeune fille courtisée de trop près a la main leste et Madelon à la fin montre plus de courage que cent hommes réunis. La faim de Jacques nous rappelle ces personnages de Victor GELU qui poursuivaient le rêve d’avoir une fois dans leur vie la panse pleine : ils étaient un certain nombre à cette époque. Quant au pleutre GRIMAUD, matamore déconfit, il est là pour souligner que le génie méridional est fait de bon sens et de mesure.
Cette œuvre attachante se lit avec le sourire, et mon dieu que demander de plus ?