La célébration du 40ème anniversaire de l'Édit de Nantes donne l'occasion à Simone Lheureux d'essayer de comprendre pourquoi, l'homme exceptionnellement doué que fut Paul Gros-Long, dit Pierre Dévoluy, n'a jamais joui de la notoriété qu'il méritait. Pourquoi est-il, de nos jours, méconnu ? Pire, aux yeux de beaucoup, inconnu ? À sa sortie de l'École Polytechnique en 1882, il choisit le métier des armes. Mais occupe ses loisirs à versifier. Ingénieur militaire ou écrivain ? Il n'échappera jamais à cette dualité... Son avancement compromis, il se lance néanmoins avec passion, au côté de Mistral, à qui il voue une ferveur quasi-mystique, dans la défense de la langue d'oc et de la Cause félibréenne.Capoulier du Félibrige de 1901 à 1909, il ne cesse de ferrailler contre des adversaires farouches (dont Charles Maurras) qui lui reprochent la protection du patriarche de Maillane... Mais surtout de vouloir instaurer une discipline militaire au sein d'un Félibrige désorganisé.Et, enfin, d'être protestant. Pour retrouver le profil de cet authentique savant qui fut, à ses heures, un pamphlétaire redoutable et un mélomane averti, Simone Lheureux, s'appuyant sur des documents épistolaires hautement évocateurs, en suit le sillage de Châtillon-en-Diois dans la Drôme (son pays natal) à Nice, en passant par Arras, Montpellier, Avignon, Nîmes (où il se marie) et les Cévennes, qu'il aimait à parcourir en compagnie du fondateur du Club cévenol, le Pasteur Arnal. Dés 1901, le capitaine Paul Gros -Long troque, à ses heures, sa vareuse militaire et son képi contre une veste en futaine, une lavallière et un feutre d'allure (vaguement) mistralienne et devient Pierre Devoluy « le capoulier de l'action ».