Comment aurais-je pu deviner en pénétrant dans cette chambre de bonne, inoccupée depuis des années, que j’allais trouver une partie de la correspondance entre un Gardois et une demi-mondaine parisienne.
Les feuillets jonchaient le sol et quoique couverts de poussière, certains déchirés, parfois même illisibles, je fus captivé par leur lecture pus reconstituer ces échanges épistolaires révélateurs de cette époque de début du siècle.
D’abord poétiques, frivoles, coquin grivois même entre Julien de S. et Honorine Desjardins, puis angoissés, décrivant quelques scènes fugaces de cette atroce guerre où Julien disparaîtrait… ? Et qui allait plonger l’Europe dans un bain de sang fratricide. Enfin les dernières lettres pleines de nostalgie, d’amertume et l’ultime courrier. La condamnation, le rejet, la rupture entre Honorine et sa famille.
Poussé par une curiosité coupable, j’ai voulu en savoir plus sur Julien et Honorine.
Julien, dont je ne dévoilerai pas le nom, ne pas mort en 1916.
De retour dans le Gard il aurait émigré au Canada où il avait de la famille.
Quand à Honorine je n’ai pas réussi à la localiser sa sœur Catherine et je n’ai imaginé sa vie qu’à travers ses derniers courriers car, ni la concierge de l’immeuble, ni la propriétaire de l’appartement auquel appartenait la chambre de bonne n’ont pu me renseigner.
La lente déchéance, elle vivait certainement vendant ses bijoux, un à un puis l’accident en 1989.
Morte dans la rue, transportée à la morgue, elle fut ensevelie dans la fosse commune du cimetière parisien de Bagneux en dehors de toute présence familiale.