Le pléonasme du titre de mon livre doit faire excuser toutes les hardiesses de mes contes, et m'obtenir l'indulgence habituelle de ce cher public d'amis auquel j'adresse encore ce fruit de mes loisirs campagnards. L'indulgence que je lui demande pour mes récits, je la sollicite surtout pour la forme sous laquelle ils sont présentés, et je ne me fais aucune illusion sur l'insuffisance de mon style et de mes vers. La Fontaine n'est pas le modèle que je me suis proposé; inimitable dans ses contes comme dans ses fables, il ne peut apparaître à ceux qui viennent après lui que comme un jardin des Hespérides où nul ne peut entrer. Je n'ai pas cherché davantage à imiter Boccace que tout autre conteur auquel j'eusse pu emprunter son genre ou son génie. Je me suis appliqué à peindre par moi-même ce type émaillé du Gascon, chez lequel l'esprit gaulois, l'à-propos, la suffisance, l'audace le disputent aux plus belles vertus de l'âme, aux nobles qualités du coeur, aux charmes d'une imagination à la fois vive et féconde.