Pour échapper à cette misère de nos aïeux, pour assurer la sécurité de nos petits- fils et de toutes les nations de l'Entente, il faut que l'Entente et nous, en parfait accord avec la Belgique, nous organisions la rive gauche du Rhin. Voici l'Alsace et la Lorraine rentrées dans la famille française. Il s'agit de poursuivre plus avant le grand dessein national et de nous doter d'une frontière à l'Est. Pèlerins de toutes les nations, fils des peuples qui vinrent à notre aide, voyez comment les chemins de Paris étaient ouverts et comment la Prusse nous avait enlevé les clés de notre maison. Nous comptons sur vous pour répéter à travers le monde le mot d'ordre de notre salut : « Plus un soldat allemand sur la rive gauche du Rhin ». Plus un soldat allemand ne pourra paraitre sur la rive gauche. Plus un soldat allemand n'y pourra être levé. Plus un pfennig n'y pourra être recueilli pour alimenter un budget militaire allemand. C'est à cette condition que la France, soldat de Dieu, soldat de la civilisation, pourra tenir son rôle glorieux et terrible qui est de surveiller el contenir la bête féroce d'outre-Rhin, le Boche.
MAURICE BARRÈS, de l'Académie française.