On a beaucoup écrit sur l’origine de la chevalerie : les uns l’ont placé à l’époque de la première croisade, les autres l’ont fait remonter à une date beaucoup plus reculée. M. de Chateaubriand la fixe au commencement du VIIème siècle. Sans produire ici les dissertations auxquelles ce sujet a donné lieu, nous allons présenter un tableau succinct de l'état de l'Europe à l'époque où la chevalerie commença à faire sentir son influence salutaire. C'est alors seulement que cette institution nous intéresse et nous charme, comme elle cesse de le faire quand les progrès de la civilisation, le retour vers l'ordre, et l'action puissante de l'autorité rendent inutile l'emploi de la force individuelle pour la répression des abus et l'exécution des lois. Mais, avant d'atteindre cette dernière époque, il faut parcourir plus de trois siècles. "Heureusement qu'on traverse ce long et pénible désert sous l'escorte de l'aimable et brillante chevalerie. Cette institution admirable de nos pères, ce sublime effort de l'enthousiasme et de la vertu, qui ne semble plus aujourd'hui, dans nos temps réguliers, qu'une noble extravagance, fut pourtant dans ces temps d'anarchie le supplément des lois et la sauvegarde des droits les plus chers; ce fut pourtant dans ces temps d'anarchie le supplément des lois et la sauvegarde des droits les plus chers; ce fut la protection de la veuve et de l'orphelin, l'abri du faible, l'effroi des brigands: en un mot, ce fut un vrai présent que le Ciel fit à la terre, pour y retenir, dans ces temps de désolation, les vertus prêtes à la déserter."