Pendant plus de dix ans , Vayssier a travaillé au présent Dictionnaire patois français publié sous le patronage de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Pour former un bon glossaire de notre dialecte rouergat, il l'étudia avec cette ardeur, cette application que rien ne rebutait et qui était le trait distinctif de son caractère. Durant son long séjour au petit-séminaire de Saint-Pierre et au petit-séminaire de Belmont, en contact habituel avec des maîtres et des élèves, venus de tous les points de notre province du Rouergue, il interrogeait et consultait sans relâche, afin de donner à son travail toute l'étendue et toute la perfection désirables. Il ne négligeait aucune occasion de s'instruire et poursuivait ses études et ses laborieuses recherches avec cette constance que le succès doit nécessairement couronner. Il recueillait les mots actuels et anciens do notre idiome patois, indiquait les étymologies, les rapports avec des mots d'autres dialectes ; montrait la fâcheuse influence du patois sur la langue française dont il altère souvent la correction et la pureté, citait les proverbes, etc. On peut voir dans la Préface le dessein qu'il se proposait et la manière dont il l'a rempli. Nous osons dire que son oeuvre est bonnet, qu'elle répond bien aux vues de la Société qui lui avait confié cette tâche et qu'elle servira puissamment à conserver et à perpétuer la connaissance d'un idiome qui se rattache étroitement à l'histoire de notre pays, et qu'on aurait grand tort de dédaigner ; s'il n'a pas la dignité et l'élégance de la langue française, il ne manque ni d'énergie, ni de grâce, ni d'harmonie. L'abbé Vayssier mourut emporté par une maladie rapide, le 27 août 1875, au presbytère de Recoules, auprès d'un de ses amis. Il prévit sa fin et fit à Dieu avec une admirable résignation le sacrifice de sa vie. Se mort excita d'unanimes regrets ; il en était digne à tous égards : on perdait en lui un homme intelligent, instruit, studieux et qui jeune encore pouvait rendre de nombreux services, un prêtre tout dévoué au bien et profondément pénétré do l'esprit de son saint état. Rodez, 20 octobre 1875. L'abbé H. TRUEL, supérieur du petit-séminaire de St-Pierre, membre de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.