" Enfant, j'étais bilingue. En famille, dans la rue avec mes camarades, je parlais patois. A l'école, le français était de rigueur et le patois interdit.
Aujourd'hui mes enfants ne connaissent du patois que quelques expressions populaires. Et moi-même, lorsque je reviens dans mon village, je n'utilise que rarement la langue de mes ancêtres même dans mes rapports avec les personnes qui n'ont jamais quitté le pays.
Parvenu à l'automne de ma vie je constate que la société a fait de moi un "être culturellement modifié" car la langue est à la fois le fondement et le mode d'expression privilégié de toute culture.
Et j'accuse ma génération du délit de "non assistance à la culture en danger".
Devant ce constat négatif j'ai cherché des témoins qui puissent encore me parler dans cette langue dont je perçus les premières sonorités dans mon berceau ou dans les bras de ma mère.
Et des voix se sont élevées autour de moi provenant de la Couma, del Saradet, del Barri d'Espina, del Bouma, de la Fraou, de la Pica de Taba...
Elles m'ont raconté, dans ce langage qui m'est encore familier, l'histoire, les histoires de chacun de ces lieux qu'elles désignent.
Voici quelques uns de leurs témoignages."