Le 30 avril 1598, Henri IV, obéissant à des sentiments de tolérance qui honorent sa mémoire, porta le célèbre édit de pacification connu dans l'histoire sous le nom d'Edit de Nantes. Par cet acte de bonne politique, les calvinistes obtinrent, entre autres avantages, la liberté de conscience, l'exercice sans entraves de leur culte et l'admission à toutes les charges de magistrature et de finance. La conséquence immédiate de cette bienfaisante mesure fut l'apaisement général des troubles religieux; grâce auquel les travaux intellectuels, comme aussi ceux de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, qui ne peuvent qu'être en souffrance au milieu des discordes civiles, reprirent leurs cours normal et sagement progressif pour le plus grand bien de tous les enfants de la même patrie. Louis XIII, à peine assis sur le trône de son glorieux père, s'empressa de confirmer cet édit, qui, malgré quelques nouvelles levées de boucliers entre catholiques et protestants, fut maintenu par son fils et successeur Louis XIV jusqu'au mois d'octobre 1685. Ce monarque, dont nous n'avons pas à rechercher ici les motifs déterminants, crut alors devoir rétablir l'unité de la religion en France. De là cette révocation non moins célèbre que l'acte de pacification porté par son aïeul, au risque de rallumer les guerres éteintes, et d'obliger à l'expatriation une foule de familles industrieuses. Celles-ci, en effet, préférèrent l'exil au sacrifice de leurs convictions religieuses. Quant aux dissensions civiles, elles ne se firent pas longtemps attendre.