L'histoire des ordres religieux au Moyen-âge est fort intéressante. Au temps où s'agitait dans le tumulte, et lorsque les hommes d'armes ne respectaient rien, ni la hiérarchie, ni les droits, ce ne fut pas une entreprise médiocre que l'organisation d'une règle, c'est-à-dire l'application pratique des formes du gouvernement et de l'administration. La règle dite saint-Benoît, ainsi nommée de Saint-Benoît de Nursia qui l'établit et la mit en pratique pour la première fois au mont Cassin en Italie, servit de modèle aux principaux fondateurs d'ordres. L'abbé, chef suprême, nommé par ses égaux, et assisté d'un chapitre, mais courbant tous les moines sous son autorité et confondant leur personnalité dans la corporation, réalisait en quelque sorte l'idéal d'une démocratie sous une dictature. Aussi les monastères qui adoptèrent cette règle firent-ils de grands progrès. Saint-Germain-des-Près, Saint-Germain-l'Auxerrois, Saint-Denis dans l'Île de France, Jumièges et Fontanelle en Normandie, Saint-Bertin en Picardie, Saint-Benoît-sur-Loire, Saint-Victor de Marseille et Cluny en Bourgogne sont les plus célèbres de ces abbayes. Raconter leur histoire, c'est raconter l'histoire de la société d'alors. Aussi avons-nous pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de rappeler les origines du plus important de ces établissements, Cluny.