Une tardive justice vient d'être rendue en France à Claude Tillier. Il a ïallu à l'auteur de Mon Oncle Benjamin cinquante ans de popularité étrangère, pour secouer l'indifférence de ses lecteurs naturels et mettre du même coup en lumière le romancier et le polémiste. Une édition récente de Mon Oncle Benjamin a commencé la vulgarisation française de cette oeuvre d'humour, d'humanité et de poésie. Il reste à faire connaître en Tillier le pamphlétaire qui, sans s'attarder aux délicatesses littéraires d'un Courier, eût l'originalité, dans une oeuvre satirique, de se peindre lui-même et d'exprimer des idées de notre temps én un style primesautier et pittoresque où l'écrivain de race s'est révélé. Or, les Pamphlets que Tillier écrivit de 1840 à 1844 sont d'une rareté extrême. L'unique édition connue des lettrés (Nevers, Sionest, 1846, t. III et IV des Oeuvres complètes) et tirée à mille exemplaires, est depuis longtemps dispersée.