La France regorge de sources minérales. Mais toutes n'ont pas eu la destinée prestigieuse de la source de l'Hôpital, à Vichy, ou de la source des Ladres, à Ax-les Thermes. Filets d'eau trop peu démonstratifs, griffons insuffisamment minéralisés ou nichés au fond de quelque gorge inhospitalière, ils échouèrent à attirer et surtout à fidéliser les curistes venus de l'extérieur. Tel fut le cas de la source de la Pelouse, à Saint-Pé d'Ardet dans la Haute-Garonne. Découverte fortuitement au mitan du XIXe siècle par un entrepreneur de travaux publics au patronyme prédestiné, M. Chantier, elle vivota durant quelques décennies à quelques mètres de la route départementale reliant Saint-Pé au col des Ares. « Plus ou moins abondante, suivant les saisons, mais intarissable à l'époque même des plus grandes sécheresses », elle était réputée efficace contre l'anémie, la neurasthénie et les maladies de l'estomac, à l'instar des eaux voisines et fort célèbres de Barbazan. Quelques trop rares buveurs d'eau la fréquentaient, au désespoir des villageois soucieux du développement de leur localité.