Celle modeste étude conservera peut-être le souvenir d'un monument disparu, oublié après les soixante-dix années écoulées depuis sa démolition. EL comme le recul embellit tout, volontiers nous imaginons quelque fleur agreste piquant sa couleur vive sur la masse sombre et trapue ; volontiers donc nous redisons ces vers d'un poète lorrain saluant la tour de l'Horloge de sa ville natale
Et comme s'il voulait parfois se mettre en frais Et piquer galamment fleur à sa boutonnière, Il laisse par les trous de ses flancs balàfrés, La giroflée ouvrir sa gerbe pritannière, Pourtant dans ses pans verts sou vieux coeur bat toujours Les aiguilles de fer font sur sa grande horloge, Avec une lenteur impassible, leurs tours Que d'un coup d'oeil hâtif le passant interroge ;
Sa cloche au point du jour donne à chacun l'éveil Et fait, en plein midi, grouiller la fourmilière ; Le soir son couvre-feu nous invite au sommeil Par les doux tintements de sa voix familière ; Et quand l'ombre plus dense enveloppe sans bruit, Comme pour l'assoupir, la vieille tour amie, Son gros oeil lumineux grand ouvert dans la nuit. Veille amoureusement sur la ville endormie (1).