Il faut bien en convenir, les comédiens qui travaillent sont très rares; aussi y en a-t-il fort peu de bons. En général, quand on débute, on commence par montrer beaucoup de zèle, mais on se relâche aussitôt qu'on croit avoir gagné sa place au soleil, comme s'il n'était pas cent fois plus difficile de la garder, de la défendre que de la conquérir. Combien en avons-nous connu de ces acteurs qui, en sortant de la répétition, fourrent leur rôle au fond de leur poche et mettent une sorte d'amour-propre à ne plus y toucher, à ne plus s'en occuper, une fois hors du théâtre ! Ceux-là apprennent la pièce en répétant et gardent le manuscrit a la main jusqu'à la veille de la représentation. D'autres, au contraire, dont la mémoire est prompte, répètent sans manuscrit dès le second jour, et fermement convaincus qu'il suffit d'apprendre un rôle par coeur pour le savoir, ils ne s'inquiètent plus que d'une chose, la façon dont ils seront perruqués et costumés. Oh ! le costume, c'est là la grande, souvent même l'unique préoccupation ...