Ce que je viens de dire suffit sans doute pour faire voir quel vaste champ la montagne bourbonnaise offre à l'observation des philosophes et des publicistes, et combien la civilisation a encore à faire dans notre pays pour répandre ses bienfaits sur toutes les classes de la société. Il est clair que c'est dans la campagne qu'il faut rechercher les organisations excentriques, les allures originales, les habitudes pittoresques. Rien n'y est venu détruire les antiques traditions, les vieux préjugés. Nos lois n'ont pu encore façonner sur un même modèle cette race d'hommes qui restent tels que la nature les a faits.
Je ne sais si j'ai réussi à peindre bien exactement le tableau qu'offrent les diverses classes de notre population bourbonnaise. Toutefois, je puis dire que j'ai écrit franchement ce que j'ai vu. Peut-être trouvera-t-on quelques-uns de mes jugements un peu sévères, et accusera-t-on en moi un esprit chagrin et malveillant ; peut-être me reprochera-t-on de m'être laissé aller à dire le mal plutôt que le bien, à chercher plutôt le côté ridicule des choses que leur côté sérieux. S'il en était ainsi, j'en demanderais très humblement pardon ; tout le monde sait qu'il est plus facile de jouer avec la critique qu'avec la flatterie, même quand elle est de bon aloi. Je dois donc finir ce petit opus¬cule en rendant hommage à toutes les excellentes qualités qui distinguent les habitants du Bourbonnais, qualités que tout le monde s'est plu à reconnaître en eux.
B. LEWIS