Le touriste qui parcourt la ville de Nimes est frappé du grand nombre de richesses artistiques accumulées autour de ses gracieux boulevards et dans le sein de ses musées, mais il cherche tout en admirant les beautés de la Rome des Gaules, les marbres qui doivent perpétuer les traits de ses plus illustres enfants. Il y a lieu, en effet, de s'étonner que des illustrations telles que Nicot, Fléchier et Guizot ne soient pas même représentées par un modeste buste dans la Maison-Carrée ou la Biblio-thèque.
Jean Nicot, qui fait l'objet de cette étude, mériterait plus que tout autre peut-être, ce souvenir de la part des habitants de Nimes. N'est-il pas l'homme qui a su le mieux équilibrer le budget de la France ? Vous savez, en effet, l'importance de l'équilibre des budgets. Le meilleur gouvernement qui puisse exister dans le meilleur des mondes possibles, baisse ou hausse avec le plateau de la balance, mai ; en raison inverse de celui de l'actif. Aussi ses plus grands efforts consistent à accumuler le plus de chiffres dans le plateau de la recette sans rien ôter de celui de la dépense, déclarant aux éplucheurs politiques qu'aujourd'hui il ne peut consentir à ce qu'on retranche le moindre petit article de l'ordinaire ou de l'extraordinaire, mais qu'il présentera prochainement tout un système de réformes économiques, qui n'arrive jamais. Or, supprimez le tabac, vous enlevez plus de trois cents millions de francs du plateau des recettes. Il n'est pas de ministre des finances, si carrément assis qu'il soit sur son portefeuille, qui résiste 3 un tel coup de bascule.
Voilà la raison qui, avant d'entamer une étude spéciale sur Jean Nicot, me fait demander à l'État et au conseil municipal de Nimes une statue ou un buste en l'honneur de notre illustre compatriote.