« Papa est rentré un jour, s'est assis dans son fauteuil et a pleuré.C'était le 26 mars 1962, le jour de la fusillade de la rue d'Isly, jour où les Français ont tiré sur les Français d'Algérie ! Il était recouvert du sang des morts qui étaient tombés sur lui, dont une femme couchée sur lui qui lui a sauvé la la vie et perdu la sienne, Il nous a dit avoir vu sa mère, morte des années plus tôt, cette vision l'a protégé. Il a dit : « C'est fini, on s'en va ». Comment ai-je fait pour occulter toutes ces années de douleur ?... La philosophie m'a permis de me construire un nouveau monde et par là même une nouvelle personnalité ; l'analyse de mes sentiments et de mes angoisses, le rejet de la souffrance morale. Alors, aujourd'hui, Yalla ! On continue avec, ancré en nous, l'esprit premier des pionniers ! Mon récit mélange et entremêle les souvenirs du temps passé et du présent. Mon esprit refuse d'occulter cette vie ensoleillée, parfumée et elle vient souvent se raccrocher aux wagons de mon actualité. Quelle infortune ! Le Dieu des pieds noirs et Notre-Dame d'Afrique nous ont abandonnés, hagards, sur le sol de cette métropole tant chérie et qui ne nous a pas accordé un seul regard de compassion.