Accompagner Alphonse Daudet pour mieux connaître l'oeuvre, réduite trop souvent aux Lettres de mon moulin. Que sait-on en effet du chroniqueur de la guerre franco-prussienne, du romancier des moeurs parisiennes ou du dramaturge, père de l'énigmatique Arlésienne ? On dit qu'il partagea le cuisant échec de la pièce avec ses compagnons d'infortune, Flaubert, Zola et Goncourt, sifflés comme lui, au théâtre. Suivre l'auteur, c'est partager le jeudi, son hospitalité à Paris ou dans sa villégiature, et croiser Clémenceau Poincaré ou Jules Massenet; son salon n'est-il pas un des plus brillants de la capitale ? Il aime s'entourer et sa conversation exceptionnelle retient ses invités, séduits par sa beauté et sa noblesse d'âme. On l'estime pour son sens de l'honneur et sa fidélité en amitié. Exécuteur testamentaire d'Edmond de Goncourt, il oeuvre, malgré la maladie, à fonder l'Académie Goncourt. De la douleur, sa tenace compagne, il tire la matière littéraire de la Doulou, ouvrage qui facine Julian Barnes; le romancier le traduit et le fait connaître en Angleterre. Ce texte posthume révèle un Daudet inconnu; derrière le charmant conteur, les lecteurs découvrent un homme d'une rare profondeur, grandi par l'épreuve. Sa mort suit celle de ses amis, tournant la page littéraire dont il fut la personnalité marquante.