Tout le monde connaît la tragique histoire de cet ordre militaire et monastique, dont les membres étaient appelés les pauvres chevaliers de la Sainte-Cité, les soldats du Christ, la milice de Salomon, et plus communément les Templiers. On sait qu'il dut sa fondation à quelques croisés français qui, sous la conduite de Godefroy de Bouillon, contribuèrent à la conquête de la Palestine. Ces croisés s'étaient consacrés à la pratique des vertus chrétiennes et militaires et principalement à défendre, contre les attaques et les brigandages des musulmans, les pélerins qui, de tous les points de l'Europe, se rendaient à Jérusalem pour y adorer les saints-lieux. En peu de temps, leur nombre devint considérable; et, en 1125, le concile de Troyes approuva leur institution, et chargea Saint-Bernard, abbé de Citeaux, qui siégeait dans son sein, de leur donner une règle. Les templiers se firent remarquer sur les champs de bataille par une bravoure peu commune. Bientôt la chrétienté retentit du bruit de leurs exploits; les rois comblèrent de richesses; ils possédèrent à titre de fiefs de nombreux domaines: ce fut cette puissance qui plus tard causa leur perte. Peu à peu, ils dégénèrent des vertus de leurs fondateurs; ils violèrent sans scrupule leurs voeux de chasteté et d'obéissance; leur ivrognerie devint proverbiale; ils formentèrent, notamment en France, des séditions et des soulèvements. Leurs excès de toute nature leur attirèrent la haine des rois, du clergé et du peuple, et ils finirent par être assassinés, leur grand maître, Jacques Molay, fut brûlé vif à Paris, en 1314.