Depuis dix-huit siècles, dans des institutions que lui fournit successivement l’église catholique, l’humanité trouve un remède à des maux qui, par leur intensité ou leur nature même, devraient amener sa perte : la vie hérémitique, inaugurée dans les déserts de Thébaïde, par Paul et Hilarion, consola de leur déchéance les fils des Caton et des Emile ; les œuvres de bienfaisance, imaginées par les évêques des 5ème et 6ème siècles, en imposèrent aux Barbares qui précipitaient du nord du continent ; au 10ème siècle, l’ordre bénédictin, étendant ses rameaux dans toutes les contrées de l’Europe occidentale, fut une barrière puissante devant un flot d’épreuves restées sans exemple. Les moines cluniciens défrichèrent les forêts et donnèrent du pain à des populations qui semblaient croître en raison de la diminution des céréales, ils se firent le bouclier du serf contre les coups de la féodalité triomphante. Cette action tutélaire préparait la voie aux communes. Le Tiers-Etat était fondé.
La société doit aux moines la liberté et avec ce trésor d’autres bienfaits non moins précieux : les lettres, les sciences et les arts.