Nous connaissons assez mal la situation des pauvres au moyen âge et sous l'ancien régime, parce que le sujet n'a pas été souvent étudié comme il pourrait l'être. D'ailleurs cette situation ne présente avec l'état actuel qu'une relation assez éloignée: c'est que le paupérisme, tel que nous sommes habitués à le considérer de notre temps, est le produit essentiellement moderne de notre civilisation raffinée, et la conséquence d'un état économique absolument différent de celui d'autrefois. Sans doute il y a toujours eu des pauvres, dans les campagnes comme dans les villes, parce que la différence des conditions sociales, la maladie et la misère qui l'accompagne, sont de tous les temps et de tous les pays; mais ces pauvres étaient, ce semble, moins nombreux jadis et surtout relativement moins misérables, si l'on se place dans les circonstances ordinaires.