A LA MEMOIRE DE MAURICE LACOUR
Le Basque, c'est l'homme du Midi, le patriarche ibérien revêtu de l'armure du Barbare, depuis les Invasions du Nord. L'Aborigène pacifique, une fois acculé dans les Pyrénées occidentales, envisagea sans pâlir ses nouvelles destinées; il acquit au plus haut degré l'instinct guerrier de ses oppresseurs; extrême en tout, il les surpassa par son audace, comme il les surpassait en lumière , noblesse et vertu. La nécessité, le désespoir, et le droit naturel de la défense lui mirent les armes à la main : l'ivresse du sang égara maintes fois son courage ; mais ses excès même étaient justice et vengeance, car l'agression ne venait pas de lui. —Un poète en qui respire tout entier le génie de Rome étrusque, de Rome conquérante et souveraine , Lucain, ne dit-il point, que les Ibères pyrénéens étaient devenus l'horreur et l'épouvante de l'univers? Avec quelles fières couleurs le chantre de la guerre punique , Silius-Italicus, trace le portrait de ce Cantabre, fils aîné de l'Ibérie, que ni la faim, ni la soif, ni les ardeurs de l'été, ni les frimas des hivers, ne peuvent abattre , et pour qui tous les travaux, tous les périls deviennent une occasion de gloire.