Dans un riant vallon, abrité par de hautes montagnes, deux villes s'étalent sur les bords de la vallée de la Pique. Filles d'un même père, elles ont des goûts différents. L'une vieille, simple, économe et laborieuse, c'est l'aînée; l'autre, coquette, prodigue, fière, n'offrant ses charmes qu'à de riches étrangers, est celle que M. d'Etigny dota (en 1762) de cette allée de tilleuls ombreuse et lointaine qui est encore son plus bel ornement. Là s'échelonnent les cafés, les restaurants, les hôtels les plus en renom. La ville est construite dans des conditions exceptionnelles de bonne hygiène; elle est alimentée, à raison de 1500 litres par habitant et par jour, d'une eau potable absolument pure (source de Nauhounts), exquise au goût, d'une fraîcheur toujours égale: 10°. La population, du 15 mai au 15 octobre, se divise en deux parties: les baigneurs et les indigènes, ceux qui boivent et ceux qui ne boivent pas, ceux qui jouissent de la beauté du lieu et ceux qui lui demandent la santé. De six à onze heures du matin, on ne voit que baigneurs allant de leur hôtel à la buvette et de la buvette à l'établissement thermal, car les médecins assurent qu'un bain n'est salutaire qu'autant qu'il est pris entre deux verres d'eau sulfureuse. On sort du bain, on déjeune; les cafés s'emplissent. Musiciens, chanteurs, prestidigitateurs, danseurs catalans ou aragonais, viennnent exhiber leurs talents et faire de fréquents appels à la générosité des spectateurs.