Pourquoi cette appellation de tout le monument par la moins monumentale de ses parties, l'arène, c'est-à-dire le sable ? Pourquoi enfin ce pluriel majestueux: "les arènes ?" On comprend très bien le mot au singulier, la piste sablée est la raison d'exister de l'amphithéâtre. Les romains l'avaient ainsi pensé. Juvénal, désignant l'amphithéâtre d'Albe, dit: "Albana arena". Sénèque parlant des constructions a écrit: medix arenx. A Nimes, les Gallo-romains firent de même et jusqu'au commencement du douzième siècle, les notaires du "Cartulaire de Notre-Dame de Nimes" (la cathédrale) se servent du singulier dans les confrontations des terres ou autres indications. Quand ils emploient le pluriel, c'est pour rappeler des carrières de sable argileux, qui ont été exploitées jusqu'au seizième siècle, tout près de la ville, aux abords de la carrière creusée sous les moulins à vent, entre Saint-Luc et les Trois-Fontaines. Pendant tout le moyen-âge, l'amphithéâtre fut désigné par "les arènes". Un poète inconnu nous a laissé des vers sur l'évêque de Nimes, Arnaud, qui siégea de 1212 à 1242; il parle comme Hébrard et comme tous les nimois du vingtième siècle. "Cum Nemausenas exuri jussit arenas".