Peu de villages peuvent, comme Saint-Félix-de-Sorgues, se prévaloir de la conservation sur place de fonds d'archives d'une exceptionnelle richesse. Un premier lot, comportant de longues séries de liasses de comptes consulaires, ont permis à l'auteur de démonter tout le mécanisme de la vie municipale d'une bourgade largement touchée par la Réforme, durant une période essentielle dans l'histoire du protestantisme français. Pour le siècle suivant, celui des Lumières, des documents privés, émanant de deux grandes familles bourgeoises antagonistes, l'une catholique et l'autre protestante, constituent une source précieuse d'informations sur la sociologie d'une communauté, son évolution économique, ses conflits politiques ; ainsi que sur la gestion d'une commanderie hospitalière aux riches possessions dispersées dans le Rouergue méridional. Cependant la surprise a été la découverte d'un fonds considérable relatant toutes les péripéties, tous les conflits nés de la grande mutation révolutionnaire : l'enthousiasme dans un premier temps, bientôt les réticences, très vite les oppositions. Toute la vie d'une collectivité se dévoile : les compétitions électorales, le drame de la tentative de déchristianisation, les servitudes militaires, l'effondrement économique. Surtout pour la première phase de l'aventure révolutionnaire, de 1789 à 1795, il est possible de suivre presque jour par jour les péripéties d'une transformation profonde de la société rouergate. Les archives de Saint-Félix-de-Sorgues n'ont encore été que partiellement dépouillées pour le XIXème siècle. Leur étude complète heureusement celles consacrées aux deux siècles précédents, constituant un ensemble d'une grande homogénéité et d'une exceptionnelle richesse.