Le thème de cet essai est traité d'un point de vue traditionnel, ce qui suppose la reconnaissance préalable de quelques vérités fondamentales. D'abord, l'intellect humain - comme tout autre - a un objet, qui est l'intelligible ; prétendre qu'il est sans objet, ou affirmer qu'il n'a aucun usage, c'est proclamer absurdement la parfaite inutilité de l'intelligence. Ensuite, cette intelligibilité est celle du réel, c'est-à-dire de tout ce qui, n'étant pas rien, est possibilité de quelque chose : tout ce qui peut être réalisé peut aussi être intelligé. Enfin, le possible/intelligible est l'infini même, car il ne rencontre aucune opposition limitative. S'il pouvait en avoir une, ce serait l'impossible, seul inintelligible ; mais l'impossible ou l'irréalisable - rien - ne saurait imposer la moindre borne à quoi que ce soit.
Cependant, si l'intelligible est sans limites, l'intellect humain en a : pour lui et par lui, il y a de l'inintelligé et de l'irréalisé. L'étude des ressources intellectuelles de l'être humain sera donc celle des degrés de sa capacité à comprendre le connaissable, en connexion avec les degrés de la réalisation du réalisable.