La Lorrraine, cédée en 1737 au roi Stanislas, a été définitivement réunie à la France en 1766 ; mais cette réunion, accomplie sous Louis XV, avait été préparée par ses prédécesseurs. Vainqueur de la Ligue, Henri IV s'empressa de donner sa sœur à l'héritier du duc Charles III. Cette alliance rompue par la mort de Catherine, il prit soin d'arranger le mariage du Dauphin, encore enfant, avec la fille aînée du duc Henri. Louis XIII, devenu maitre de son royaume par la défaite des grands et par la prise de La Rochelle, revendiqua le Barrois faute d'hommage, envahit deux fois la Lorraine, et démantela toutes celles de ses places qu'il ne put retenir. Louis XIV, poussant plus loin la même politique, arracha au duc Charles IV la cession de son Duché, s'en empara bientôt après, et malgré les efforts de l'Europe coalisée, le garda pendant la plus longue partie de son règne. Ainsi, tour à tour occupée de vive force, ou momentanément rendue à ses souverains légitimes, la Lorraine n'a jamais cessé d'être, soit le théâtre des entreprises violentes des rois de France, soit l'objet de leurs incessantes négociations ; et l'on peut dire que la paix elle-même ne lui a pas été moins funeste que la guerre. Cependant, l'histoire, qui ne tient guère compte des résistances malheureuses, n'a pas attaché grand intérêt au sort d'un petit pays si fort tourmenté, et qui n'a trouvé de repos qu'en perdant sa nationalité.