« Le dernier des prêtres, s’écrie Honorius d’Autun, vaut mieux qu’aucun roi ; prince et peuples, ils sont sujets du clergé, dont l’éclat dépasse le leur comme l’éclat du soleil l’emporte sur celui de la lune. » L’opinion que l’Eglise a d’elle-même devient si haute que son clergé s’enorgueillit et se corrompt, oubliant la mission de paix et d’amour pour laquelle a été fondée cette institution divine. Infaillibilité, autorité, audace, impunité : de là au despotisme, il n’y a qu’un pas. A la fin de XI e siècle, l’Eglise, cet organisme puissant et merveilleusement agencé est arrivé à intéresser à sa conservation toutes les forces vices de sont temps. Par l’absoluité de ses principes et l’autorité qu’elle s’arroge pour les faire triompher, elle a fait de la foi en ses institutions un élément indispensable de la vie. Son autorité croissante a accru son audace, le Pape et ses vicaires ont entre les mains une arme redoutable, la bulle d’excommunication, à laquelle ne peuvent résister aucun roi, aucune puissance civile. Dans cette œuvre Charles Carayon nous plonge dans son étude du Tribunal inquisitorial de Carcassonne qui fut l’un des plus importants quartiers généraux du Saint-Office.