L’histoire de la bourgeoisie se confond avec l’histoire des villes. Il a pourtant existé, dans les petites cités de France méditerranéenne, une bourgeoisie rurale dont le mode de vie, la culture et même la fortune pouvaient se comparer à ceux des grandes villes. A Vauvert, sous le second empire puis la troisième république, bourgeois conservateurs et bourgeois libéraux se disputent le pouvoir politique et se divisent sur la doctrine religieuse ; ainsi, la naissance de l’église réformée évangélique, dite du « petit temple », se réalise en 1868.
Parmi ces messieurs, propriétaires de vignes, distillateurs, négociants en vins, mais aussi notaires, médecins, pharmaciens ou pasteurs, en voici un, premier notable des notables vauverdois, que l’on salue bas à Vauvert et dans le Canton, mais que l’on appelle par son prénom car il est proche du peuple tant par son vécu social de la médecine que par son engagement politique : Moussu Mile (Monsieur Emile), le docteur Emile GUIGOU.
Sous la plume impliquée de son petit-fils, le docteur Emile GUIGOU – cette coïncidence de deux destins vauverdois n’est sans doute pas pour rien dans la rédaction de ce livre – on lira le récit de la vie publique et privée d’un personnage qui a marqué et qui a été marqué par l’histoire de Vauvert. Ce qui faisait le charme, mais aussi les contraintes de la vie vauverdoise d’Emile, à cette époque, se trouve décrit ici avec érudition et imagination : sa descendance de l’ancêtre Mathieu GUIRAUD, son éducation protestante et son entrée dans la vie professionnelle, son action politique comme maire de Vauvert, sa vie de famille et ses amours, le cercle de ses amis et les alliances de ses concurrents, autant de moments de joies et de peines où nous partageons l’ambiance typique de Vauvert au siècle dernier.