Pourquoi questionner l’histoire d’une communauté religieuse dans ses enchevêtrements avec l’histoire de la nation ? A la veille du second conflit mondial, les protestants, bien intégrés dans la société française, ne forment pas un cas particulier. Mais ne sont-ils pas déjà suspects aux yeux des dénonciateurs de l’anti-France ? Ils ont, en outre, une identité culturelle dont le département du Gard porte la marque évidente. Théâtre mythique des résistances camisardes, ce département fut aussi pendant la seconde guerre mondiale le siège de l’église réformée. S’y croisent alors des figures importantes, aux prises de positions courageuses et aux engagements généreux, tel Madeleine Barot et le pasteur Boegner.
Ce livre cherche à retrouver le sens de ces engagements, dans le kaléidoscope des personnalités civiles, politiques et religieuses, dans le foisonnement des évènements quotidiens locaux ou nationaux qui côtoient la tragédie.
Cet ouvrage veut donner la parole aux acteurs de cette histoire, retrouver la trace des atmosphères, des hésitations, des partis-pris, des engagements au travers les témoignages et les archives. Il met en lumière les rapports entre la communauté protestante et les autorités de Vichy, mais il dit aussi les solidarités contre les persécutions, le courage, le drame des camps, le labeur de ceux qui s’affrontèrent et de ceux qui résistèrent. Il évoque le refuge des proscrits du régime, dans les basses terres gardois et dans les montagnes cévenoles, la cache des réfractaires par les pasteurs résistants.
C’est notre histoire, toujours à découvrir, que nous révèle ce livre.