Il y a environ treize ans que j'ai livré à la publicité une histoire des Basques ou Escualdunais primitifs, restaurée d'après la langue, les caractères ethnologiques et les mcgurs des Basques actuels. Ce travail était principalement fondé sur l'observation que les mots d'une langue représentent les éléments des connaissances du peuple qui la parle et que ces mots apparaissent successivement à mesure que le besoin s'en fait sentir, soit par l'observation de nouveaux êtres ou de leurs actes, soit par une étude plus approfondie de la nature, soit de toute autre manière.
Le développement matériel et moral des conditions d'existence des races humaines se faisant d'après des lois immuables qui veulent que les faits se succèdent dans un ordre déterminé, fondé sur la perfectibilité de tout ce qui appartient à l'humanité, j'avais pensé qu'il serait possible de classer les mots essentiels des langues dans l'ordre de leur apparition et de créer ainsi des vocabulaires historiques. En cherchant ensuite la dérivation des mots d'une même langue et les relations de ces mots avec ceux des autres langues, il m'avait semblé possible de reconnaître les relations des peuples entre eux et jusqu'à un certain point d'en restaurer l'histoire primitive.
Paris, le 18 Septembre 1867.