Auréolée par la légende, elle a réellement existé ! En réalité, cette célèbre courtisane ne s'appelait ni Marie du Plessis, nom de demi-mondaine, ni Marguerite Gautier comme dans le roman La Dame aux camélias de Dumas fils, ni Violetta Valéry comme dans La Traviata (en italien, la dévoyée, celle qui est en dehors de la voie), l'opéra de Giuseppe Verdi. Elle se nommait plus prosaïquement Alphonsine Plessis et était née en Normandie le 15 janvier 1824, près d'Alençon. Enfant abandonnée, elle trouva un "protecteur", le jeune duc de Guiche qui la "lança" à Paris dans le demi-monde, lui assurant élégance et culture — elle jouait du piano et chantait à merveille —. On la décrivait ainsi : "C'était une créature d'une éblouissante beauté et admirable par les grâces de son esprit", tandis que Dumas fils, son amant le plus célèbre, la dépeignait comme "grande, très mince, noire de cheveux, de longs yeux d'émail, vifs et fiers, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde... ses longues anglaises, une robe décolletée, ses bracelets d'or, sa rivière de diamants faisaient d'elle une femme dotée d'un charme romantique indéniable propre à troubler..." Menant une succession de plaisirs éprouvants, soupers, soirées théâtrales, concerts, bals, elle devint très malade, crachant le sang, fuyant par une vie de débauche une douloureuse réalité et pensant se racheter par la souffrance et le sacrifice d'un grand amour, elle devait mourir à vingt-trois ans et connaître une gloire immortelle grâce à Dumas fils et à Verdi.