"Vers 1835, l'Espinouze, du Caroux au Marcou, n'avait pas une vallée, une combe, une fissure de roc, un plateau qui ne fussent habités. Ici, le gros bourg de Saint-Gervais-sur-Mare; plus loin, le village de Castanet-le-Haut; puis les hameaux de Rosis et de Douch; puis, à gauche et à droite, derrière et devant, cent métairies, cent bordes éparpillées. Roquefixade, un endroit de quarante feux, blotti à la base du Roudil, bloc granitique qui, de l'Hérault, profile sa croupe sombre vers le Tarn, Roquefixade est certainement le coin de l'Espinouze qu'on a dû envahir le dernier. C'est que là tout était obstacle à la vie: pas un pouce de terre végétale; des pierres roulées, encore des pierres roulées se déployant à perte de vue comme une lèpre hideuse, des hauteurs du Roudil, toujours disposé à de nouveaux éboulements, au fond du val d'Aigues-torte, sans un arbre, sans une touffe de gazon. Mais il y avait de l'eau dans le quartier de Roquefixade, et cette eau, abondante, saoureuse, jaillissant de la roche déchiquetée, arracha ce pays perdu à sa désolation." Ferdinand Fabre