A une époque de crise sociale et religieuse comme la nôtre, où tend à s'évanouir, sur plusieurs points de l'Europe, ce que les révolutions des trois derniers siècles y avaient laissé subsister du temporel des congrégations monastiques, c'est rendre service que d'en rechercher l'ancienne manière d'être. Il importe de se faire une idée précise, avant que les derniers vestiges en soient effacés, de l'organisation de ce monde, qui, là même où il était encore naguère si florissant, n'existe déjà presque plus. Divers savants ont avec beaucoup de raison entrepris de porter la lumière dans quelques-uns de ses principaux centres. Je joindrai mes efforts aux leurs, en choisissant pour sujet de cette nouvelle étude Maguelone, sous le régime de ses évêques et de ses chanoines. J'apporterai ainsi ma pierre à la reconstruction historique d'une des parties les plus considérables de la société du moyen-âge; et je compléterai du même coup mes précédents travaux sur l'archéologie d'une des plus curieuses cités de la Gaule méridionale. Maguelone a joui, en effet, du titre de cité, et elle ne l'a perdu qu'à demi, en 1536, par la translation de son siège épiscopal à Montpellier.