L'ère sanglante des guerres de religion touchait à sa fin : bientôt allait retentir son glas funèbre. Pour nettoyer les écuries d'Augias, il ne manquait plus qu'un coup de balai.
Le duc de Joyeuse allait en recevoir la mission et prendre en main la massue d'Hercule. Depuis le fameux passage de Théodore de Bèze dans ses murs, la ville de Marvejols était devenue boulevard du protestantisme dans le Haut Gévaudan. C'était là, dans son enceinte, qu'on tramait les noirs complots, qu'on dressait les plans de campagne, qu'on emmagasinait provisions et engins de guerre, et enfin qu'affluaient du Nord et du Midi tous les ignobles forbans de la Réforme.
On pouvait dire de celle-ci avec raison :
"C'est là qu'elle a vécu, grandi, planté sa tente "Et cultivé son champ, allumé son foyer "Là, elle dort en paix ses nuits, l'âme contente "Dans ce coin qu'elle adore et... infecte en entier:"
Aussi les Mendois et les catholiques de notre pays avaient juré à Marvejols une haine mortelle et ils lui faisaient une guerre sans trêve ni merci.
L'hydre aux cent têtes toujours renaissantes, il fallait la suivre dans son antre, l'attaquer dans son repaire, la chasser honteusement ou l'exterminer sans pitié.