Domrémy-la-Pucelle, ce n'est pas là un pays vide et creux, c'est une terre toute pleine, chargée d'esprit ! Jeanne s'y appuie sur un long passé et sur d'abondantes richesses imaginatives. Ce touchant village très simple, sur sa mince rivière, développe pour des yeux pénétrants des formes riches et variées de sens, un vaste horizon digne de celle qui en fait le point central. C'est un grand sujet à saisir et à considérer hardiment que l'ensemble formé par la petite maison natale accolée à son église, avec l'entourage que lui font la côte païenne du Bois-Chenu, la retraite si pure de Bermont et la côte romaine qui porte "le camp de Julien". Pendant longtemps, ce paysage où grandit la petite fille, et tous ces beaux témoins de sa vie obscure, ne furent pour moi qu'un précieux bijou dans la solitude, un objet de vénération, une relique où nous avions à goûter les plaisirs de l'attendrissement plus que les bénéfices de la réflexion. Mais à chaque fois que je revois ce lieu saint, de puissantes clartés m'accueillent, et je parviens à saisir des rapports émouvants et vrais entre Jeanne et cette terre.